Toute histoire doit avoir un commencement, n'est-ce pas ? La mienne a débuté comme celle de beaucoup d'autres avant moi et certainement autant après moi :
par le néant.
Mes parents s'appelaient Jean et Bill Burton. C'étaient des gens plutôt cordiaux et lumineux qui n'avaient rien fait d'assez grave pour mériter de donner naissance à un illuminé comme moi. Bien qu'ils aient été fiers de moi lorsque le succès a commencé à récompenser mon travail, je crois pouvoir dire que je ne leur ai pas facilité l'existence en grandissant. Heureusement, ils eurent un second fils qui n'emprunta pas le même chemin que celui sur lequel je chemine depuis maintenant 40 ans.
Il semble un peu prétentieux aujourd'hui de sous-entendre que nous sommes des incompris. Pourtant, c'est exactement ce que je ressentais lorsque j'étais enfant. J'étais plutôt solitaire voyez-vous, pas vraiment par choix personnel, simplement parce que je voulais pas me lier avec toutes ces personnes à l'esprit étroit. Tout jeune déjà, j'étais intimement persuadé qu'il y avait une facette du monde qu'on ne pouvait voir qu'en se concentrant dessus, comme un mystère, une énigme, qui ne dissimuler qu'un trésor. Aussi cela valait-il la peine de le chercher.
J'ai grandi à Burbank dans le Comté de Los Angeles, une ville coincée entre la "cité des anges" et Hollywood. C'était un endroit gris et austère. En fait, je crois que son seul intérêt était qu'elle abritait le siège social de nombreuses compagnies renommées tels que NBC, Disney et Warner Brothers. A part ça, il n'y avait rien de sympathique à y faire, même si ma vision du terme sympathique est bien plus éloignée de celle des autres êtres vivants sur cette planète.
Bien que vivant l'un des endroits les plus ensoleillés du monde, je n'ai jamais apprécié les après-midi à flâner sur la plage, d'abord parce que le soleil ne m'aimait pas, ensuite parce qu'il y avait des millions de choses plus intéressantes à faire à la place. On ne crée rien en se promener ou en se baignant, en restant passif. Tout jeune déjà j'avais besoin d'inspirations, j'avais besoin de temps pour réfléchir et puis surtout, j'avais besoin de sortir ce que j'avais à l'intérieur de moi. Les traduire en dessins, en paroles... c'était devenu une obsession. Les films tels que
Godzilla et
Frankenstein m'ont vu grandir, m'ont fait grandir même, et je pourrais sans doute encore aujourd'hui en citer quelques dialogues tellement je les ai vu et revu.
Je crois que ma vie a réellement commencer lorsque j'ai gagné un concours de dessin pour décorer les camions de ma ville. En 1979, j'étais donc âgé de 21 ans, je fus approché par les studios Disney qui avaient en ce temps-là besoin de personnel. On m'associa au projet
Taram et le Chaudron magique et je travaillai plusieurs mois dessus sans satisfaire mes commanditaires. Je réalisai quelques courts-métrages qui furent en ce temps-là ma fierté et j'écrivai à cette même époque un poème qui était destiné à devenir la base de mon scénario pour
L'Étrange Noël de monsieur Jack.
Je dus attendre 1982 pour réussir à convaincre des actionnaires de me prêter 60 000 dollars pour produire le premier court-métrage que j'ai réalisé : un noir et blanc intitulé
Vincent. Il dure un peu moins de 6 minutes et c'est probablement le travail qui en dit le plus sur moi, ce qui était - je le reconnais - un présomptueux à l'époque. Il raconte l'histoire d'un petit garçon âgé de 7 ans qui voulait devenir Vincent Price, un acteur américain aujourd'hui hélas décédé qui avait coutume de jouer dans les films d'épouvante. Il ressemble à tout les petits garçons de son âge sauf que lui rêve de transformer son chien en zombi et sa tante en poupée de cire. Comme moi, il est un inconditionnel des écrits du brillantissime Edgar Allan Poe. Quand j'y repense maintenant, je me demande bien pourquoi les Studio Disney ont accepté de financer un projet mené par un tel scénario. Cela sortait complètement des autres choses qu'ils sortaient à ce moment-là et les employés des studios n'avaient jamais caché le fait qu'il me trouvait étrange. Seuls Julie Hickson, exécutif chez Disney, et Tom Wilhite, responsable du développement créatif, sont intimement persuadés que mes idées valent quelque chose. Je crois que j'ai traumatisé les cadres du studio avec mon oeuvre noire à souhait et ils la jetèrent au fond d'un placard pour "plus tard", comme ils disaient, un plus tard qui n'arriverait que 11 ans après, en 1933, pour le succès de
L'Étrange Noël de Monsieur Jack. En réponse à leur indifférence, je quittai les studios Disney en 1984.
C'était un premier échec, peut-être pas cuisant mais un échec tout de même. Je ne remis pas beaucoup de choses en question cette année-là. Tout ce que je voulais, c'était pouvoir sortir les idées de ma tête, les réaliser, mettre des images et des paroles sur elles, les habiller. Si on ne me laissait pas ma chance à Disney, je trouverai une autre scène à occuper.
Je ne croyais pas si bien dire. Dès 1985, j'intégrai les studios Warner Bros qui cherchait un réalisateur pour
Pee-Wee Big Adventure, un long-métrage sur un conte racontant les pérégrinations d'un petit garçon et d'une bicyclette volée. Ma collaboration à ce projet fut un véritable don du ciel puisqu'elle me permit de rencontrer le compositeur Danny Elfman à qui j'allais par la suite confier la musique de tous mes films. Je dois beaucoup à Danny. Il m'a soutenu et est aujourd'hui encore l'un de mes meilleurs amis.
De peur que mon nom soit identifié à ce genre de film dans l'avenir, je refuse de réaliser le second volet de ce film et je me penche sur un projet tout personnel qui s'intitulera
Beetlejuice. C'est un personnage très excentrique pour une sorte de parodie de l'exorciste. Ce film fut à mon image, morbide, déjanté et un peu poétique aussi. L'incarnation brillante et démoniaque de Micheal Keaton lui permit d'être auréoler de gloire. Nous reçûmes même un Oscar pour le meilleur maquillage.
Suite à cela, une carrière commença réellement à se profiler à l'horizon. Le studio Warner me proposa sans détour de me pencher sur la réalisation d'un Batman avec un budjet de 35 millions de dollars. Il se trouvait que le personnage de Bob Kane m'avait toujours beaucoup séduit. En fait, le concept même de la double personnalité me séduisait. Mais Batman avait une démension plus profonde que les autres superhéros en ce qu'il n'avait aucun pouvoir accordé par une entité extérieure. Il n'avait mis été mordu par une araignée génétiquement modifiée ni été abandonné sur Terre par des extraterrestres. Batman, c'était simplement un homme, Bruce Wayne, qui avait décidé de faire avec sa condition d'être humain et de jouer les justiciers. Je reprends contact avec Michael Keaton pour lui proposer le rôle principal. D'une manière générale, je n'aime pas m'adresser à des inconnus. Or, les films sont pour moi ce qu'il y a de plus personnel. C'est la raison pour laquelle je préfère travailler avec des gens de talent qui ont fait leur preuve, qui connaissent mes méthodes et les acceptent, aussi déjantées puissent-elles leur paraître. Pendant toute la période de réalisation, mes décisions furent contestées. Je reçus beaucoup de lettres m'exprimant le mécontentement de diverses personnes, fans, acteurs, réalisateurs, - et à tous, j'aurais voulu leur répondre : "Occupez-vous de vos fesses ! Je sais ce que je fais, j'aime Batman autant que vous l'aimez et je vous promets que vous ne serez pas déçus du résultat." En fait, je ne dis rien et fis la sourde oreille. Grand bien m'en fit puisque le film fut un succès malgré tout.
Peu après, naquit en moi l'idée du projet
Edward aux mains d'argent. Beaucoup de choses commencèrent à ce moment-là, beaucoup de choses importantes, dont mon amitié éternelle avec Johnny Depp. Je tombai des nues pendant son casting auquel j'assistais. Il avait complètement compris le concept du personnage, toutes ses complexités jusqu'aux plus tacites. Il avait un vrai intelligence du scénario et, je m'en rendis compte peu après, du monde qui l'entourait. Je sentis immédiatement un lien fort encore nous. J'engageai sur le champ Johnny, encore et encore, dans tous les films que je fis ensuite, à peu d'exceptions près.
A peu près la même époque, les studios Warner me suppliaient au téléphone de réaliser la suite de Batman. Il voulait un Batman réalisé par Tim Burton ? C'était précisément ce que j'allais leur donner. Je crois que l'ambiance de ce film est encore plus sombre que celle du précédent. D'ailleurs, mes employeurs reçurent des protestations épistolaires de fans. Je restai bien indifférent à tout ça, parce qu'évidemment pour moi, c'étaient eux qui étaient dans l'erreur, c'étaient eux qui n'avaient pas compris à quel point le personnage de Bruce Wayne en dualité avec celui de Batman était torturé. A l'inverse des autres super-héros, il n'agit pas dans un désintérêt total. Non. Il fait les choses pour lui, pour se chercher, pour se tester...
1993 fut une année que je n'oublierai pas. Souvenez-vous du poème écrit en 1979. et bien figurez-vous qu'il servit de base à un film qu'un camarade réalisa : L'Etrange Noël de Monsieur Jack. Voici le poème original :
Nightmare Before Christmas original poem
It was late one fall in Halloweenland,
and the air had quite a chill.
Against the moon a skeleton sat,
alone upon a hill.
He was tall and thin with a bat bow tie;
Jack Skellington was his name.
He was tired and bored in Halloweenland
"I'm sick of the scaring, the terror, the fright.
I'm tired of being something that goes bump in the night.
I'm bored with leering my horrible glances,
And my feet hurt from dancing those skeleton dances.
I don't like graveyards, and I need something new.
There must be more to life than just yelling,
'Boo!'"
Then out from a grave, with a curl and a twist,
Came a whimpering, whining, spectral mist.
It was a little ghost dog, with a faint little bark,
And a jack-o'-lantern nose that glowed in the dark.
It was Jack's dog, Zero, the best friend he had,
But Jack hardly noticed, which made Zero sad.
All that night and through the next day,
Jack wandered and walked.
He was filled with dismay.
Then deep in the forest, just before night,
Jack came upon an amazing sight.
Not twenty feet from the spot where he stood
Were three massive doorways carved in wood.
He stood before them, completely in awe,
His gaze transfixed by one special door.
Entranced and excited, with a slight sense of worry,
Jack opened the door to a white, windy flurry.
Jack didn't know it, but he'd fallen down
In the middle of a place called Christmas Town!
Immersed in the light, Jack was no longer haunted.
He had finally found the feeling he wanted.
And so that his friends wouldn't think him a liar,
He took the present filled stockings that hung by the fire.
He took candy and toys that were stacked on the shelves
And a picture of Santa with all of his elves.
He took lights and ornaments and the star from the tree,
And from the Christmas Town sign, he took the big letter C.
He picked up everything that sparkled or glowed.
He even picked up a handful of snow.
He grabbed it all, and without being seen,
He took it all back to Halloween.
Back in Halloween a group of Jack's peers
Stared in amazement at his Christmas souvenires.
For this wondrous vision none were prepared.
Most were excited, though a few were quite scared!
For the next few days, while it lightninged and thundered,
Jack sat alone and obsessively wondered.
"Why is it they get to spread laughter and cheer
While we stalk the graveyards, spreading panic and fear?
Well, I could be Santa, and I could spread cheer!
Why does he get to do it year after year?"
Outraged by injustice, Jack thought and he thought.
Then he got an idea. "Yes. . .yes. . .why not!"
In Christmas Town, Santa was making some toys
When through the din he heard a soft noise.
He answered the door, and to his surprise,
He saw weird little creatures in strange disguise.
They were altogether ugly and rather petite.
As they opened their sacks, they yelled, "Trick or treat!"
Then a confused Santa was shoved into a sack
And taken to Halloween to see mastermind Jack.
In Halloween everyone gathered once more,
For they'd never seen a Santa before
And as they cautiously gazed at this strange old man,
Jack related to Santa his masterful plan:
"My dear Mr. Claus, I think it's a crime
That you've got to be Santa all of the time!
But now I will give presents, and I will spread cheer.
We're changing places I'm Santa this year.
It is I who will say Merry Christmas to you!
So you may lie in my coffin, creak doors, and yell, 'Boo!'
And please, Mr. Claus, don't think ill of my plan.
For I'll do the best Santa job that I can."
And though Jack and his friends thought they'd do a good job,
Their idea of Christmas was still quite macabre.
They were packed up and ready on Christmas Eve day
When Jack hitched his reindeer to his sleek coffin sleigh,
But on Christmas Eve as they were about to begin,
A Halloween fog slowly rolled in.
Jack said, "We can't leave; this fog's just too thick.
There will be no Christmas, and I can't be St. Nick."
Then a small glowing light pierced through the fog.
What could it be?. . .It was Zero, Jack's dog!
Jack said, "Zero, with your nose so bright,
Won't you guide my sleigh tonight?"
And to be so needed was Zero's great dream,
So he joyously flew to the head of the team.
And as the skeletal sleigh started its ghostly flight,
Jack cackled, "Merry Christmas to all, and to all a good night!"
'Twas the nightmare before Christmas, and all though the house,
Not a creature was peaceful, not even a mouse.
The stockings all hung by the chimney with care,
When opened that morning would cause quite a scare!
The children, all nestled so snug in their beds,
Would have nightmares of monsters and skeleton heads.
The moon that hung over the new-fallen snow
Cast an eerie pall over the city below,
And Santa Claus's laughter now sounded like groans,
And the jingling bells like chattering bones.
And what to their wondering eyes should appear,
But a coffin sleigh with skeleton deer.
And a skeletal driver so ugly and sick
They knew in a moment, this can't be St. Nick!
From house to house, with a true sense of joy,
Jack happily issued each present and toy.
From rooftop to rooftop he jumped and he skipped,
Leaving presents that seemed to be straight from a crypt!
Unaware that the world was in panic and fear,
Jack merrily spread his own brand of cheer.
He visited the house of Susie and Dave;
They got a Gumby and Pokey from the grave.
Then on to the home of little Jane Neeman;
She got a baby doll possessed by a demon.
A monstrous train with tentacle tracks,
A ghoulish puppet wielding an ax,
A man eating plant disguised as a wreath,
And a vampire teddy bear with very sharp teeth.
There were screams of terror, but Jack didn't hear it,
He was much too involved with his own Christmas spirit!
Jack finally looked down from his dark, starry frights
And saw the commotion, the noise, and the light.
"Why, they're celebrating, it looks like such fun!
They're thanking me for the good job that I've done."
But what he thought were fireworks meant as goodwill
Were bullets and missiles intended to kill.
Then amidst the barrage of artillery fire,
Jack urged Zero to go higher and higher.
And away they all flew like the storm of a thistle,
Until they were hit by a well guided missile.
And as they fell on the cemetery, way out of sight,
Was heard, "Merry Christmas to all, and to all a good
night."
Jack pulled himself up on a large stone cross,
And from there he reviewed his incredible loss.
"I thought I could be Santa, I had such belief"
Jack was confused and filled with great grief.
Not knowing where to turn, he looked toward the sky,
Then he slumped on the grave and he started to cry.
And as Zero and Jack lay crumpled on the ground,
They suddenly heard a familiar sound.
"My dear Jack," said Santa, "I applaud your intent.
I know wreaking such havoc was not what you meant.
And so you are sad and feeling quite blue,
But taking over Christmas was the wrong thing to do.
I hope you realize Halloween's the right place for you.
There's a lot more, Jack, that I'd like to say,
But now I must hurry, for it's almost Christmas day."
Then he jumped in his sleigh, and with a wink of an eye,
He said, "Merry Christmas," and he bid them good bye.
Back home, Jack was sad, but then, like a dream,
Santa brought Christmas to the land of Halloween.
the end
Poem copyright Tim Burton
Ce sont des studios Disney qui produisirent ce film d'animatio étant donné qu'ils avaient encore les droits sur mon poème. Il m'apparut alors comme une grande hypocrisie de les trouver mystérieusement intéressés par mon travail après m'avoir si bien snober quand mon nom ne signifiait encore rien.
Bref ! Les films se succèdèrent : Ed Wood- où mon ami Johnnie me fit la grâce de tenir le premier rôle, celui d'un réalisateur dénigré de son vivant -, Plan 9 from outer space - qui eut un large succès en salle mais fit un bide total au niveau des ventes -, Mars Attacks - moins sombre mais toujours pourvu d'un humour très vite appelé burtonesque. Tiens ! Saviez-vous que j'ai failli réaliser un Superman avec Nicolas Cage dans le rôle de l'homme qui met son slip par dessus son pantalon ? Le projet a été annulé. Tant mieux. Je n'avais pas vraiment envie de faire ce film. Superman n'est pas le genre de héros qui m'intéresse.
J'ai enchaîné sur Sleepy Hallow, qui est probablement l'oeuvre qui me ressemble le plus parmi celles que j'ai créé. Autant du point de vue de l'ambiance que des techniques cinématographiques utilisées. J'aime ce film, et je sais que le lecteur de ces lignes vont me qualifier de vaniteux mais je m'en moque. Sleepy Hallow est un film comme j'aurais aimé en voir. Il se trouve que c'est moi qui l'ai réalisé, bon, c'est la vie. Les critiques ont considéré ce film comme un, je cite, "récapitulatif" de mon Oeuvre. Comment pourrait-il être un récapitulatif de quoi que ce soit ? Parfois, j'ai l'impression atroce qu'on me comprend pas et, plus que m'énerver, ça me fait de la peine. Non pas que j'aimerais que tout le monde voit par mes yeux - non, je préfère garder pour moi mes visions toutes particulières - mais j'aimerais que dans une certaine mesure on puisse me comprendre. Enfin...
En 2001, j'acceptai de tourner un remake de la Planète des Singes et c'est durant ce tournage que je fis la connaissance de la divine Helena Bonham Carter. A cette époque, j'étais marié depuis 8 ans à Lisa Marie, une actrice ex-mannequin très agréable au demeurant mais pas faite pour moi (si tant est qu'on puisse être fait pour quelqu'un, ce dont je doute en vérité). Helena était une bouffée d'oxygène. Non, elle était plus que ça. Je n'ai pas besoin d'oxygène pour vivre, j'ai besoin d'inspiration. Helena avait, et a toujours d'ailleurs, ça en elle. Une force créatrice qu'elle met souverainement à ma disposition. Il n'est pas difficile de vivre avec elle. Elle me comprend, chose plutôt rare pour un être humain.
Alors que j'allais avoir un fils, je perdis mon père. Vous devinez ce qui découla de ces évènements simultanés, n'est-ce pas ? Oui, le film Big Fish. Johnny n'était libre pour le rôle principal et je dus chercher quelqu'un d'autre. C'est ainsi que je fis la connaissance d'Ewan MacGregor un jeune homme plein de talent et d'avenir.
En 2005, j'obtiens enfin le droit de réaliser une adaptation de ce livre que j'aime tant de Roald Dahl : Charlie et la Chocolaterie.Je suis plutôt fier de ce que j'en ai fait. Aucune plainte cette fois-ci. Je pense que le coté poétique psychédélique a plu au gens. La fabrique Nestlé m'a fourni près de 120 000 litres de mélange de chocolat. Je me demande encore souvent si j'aurais un jour l'occasion de refaire un film de l'envergure de celui-ci. Vraiment, toute l'équipe était enjouée et était retombée en enfance. Il y avait une bonne ambiance sur le plateau. Mon ami Danny signa une fois de plus la musique. De toutes manières, je ne pouvais déjà plus me passer de son travail excellent. Je crois que la vie se fait au fil des rencontres et ma route a croisé par chance celles d'hommes immenses tant par l'esprit que par le génie.
Et puis vinrent Les Noces Funèbres... En réalité, nous l'avons réalisé en parallèle du film dont je viens de vous parler. Cette histoire est en réalité l'adaptation d'un très vieux conte russe que m'avait raconté un ancien collaborateur au moment de L'Etrange Noël de Monsieur Jack.
Je décidai ensuite de faire ma propre version de Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street, qu'aucun réalisateur n'avait su rendre assez sombre à mon goût. Johnny et Helena, mes interprètes favoris, firent des merveilles dans leurs rôles mis à la mesure de leur talent. Je collaborai aussi à cette occasion avec Alan Rickman avec qui je me suis très bien entendu pour partager son sens de l'humour.
Ce que je viens de vous raconter là n'est qu'une partie de ma vie, la partie qui est dans la lumière. Si vous vulez connaître la partie qui se trouve dans l'ombre, il vous faudra faire le premier pas vers moi, puis le second, le troisième, et ainsi de suite jusqu'à ce que vous soyez tout près...